Sur demande américaine, la Russie démantèle le groupe de hackeurs REvil
La Russie a annoncé vendredi avoir démantelé le groupe de hackeurs REvil, considéré comme le groupe de cybercriminels le plus redoutable en manière de rançongiciels, sur demande des Etats-Unis, qui se sont félicités de cette coopération en pleine crise sur l’Ukraine.
Les présidents russe et américain Vladimir Poutine et Joe Biden avaient indiqué lors d’un sommet en juin vouloir renforcer leur coopération dans la lutte contre la cybercriminalité, sur fond de crises et d’accusations à répétition visant Moscou dans ce domaine.
A l’issue d’une opération des services de sécurité (FSB) et de la police russes « il a été mis fin à l’existence de ce groupe criminel organisé », a indiqué le FSB dans un communiqué.
Des perquisitions menées « à la demande des autorités américaines compétentes » ont visé 14 personnes et 25 adresses dans cinq régions russes, notamment dans la capitale Moscou et à Saint-Pétersbourg, la deuxième ville du pays, permettant la saisie de l’équivalent de 426 millions de roubles (4,8 millions d’euros environ) et 20 voitures de luxes, selon le communiqué.
Le FSB ne précise pas combien de personnes ont été arrêtées, mais a diffusé des vidéos d’interpellations musclées. Il indique que les membres du groupe « ont mis au point des logiciels nuisibles, organisé le détournement de fonds depuis les comptes bancaires de citoyens étrangers et les ont encaissés », selon la même source.
« Nous sommes satisfaits de ces mesures initiales », a commenté de son côté une responsable de l’administration américaine à Washington. « Mais je veux que ce soit clair: ceci n’a aucun rapport avec ce qui se passe avec la Russie et l’Ukraine ».
« Nous avons toujours été très clairs: si la Russie envahit davantage l’Ukraine, nous lui imposerons des coûts sévères en coopération avec nos alliés et partenaires », a ajouté cette responsable ayant requis l’anonymat.
Elle a confirmé que ces arrestations avaient été le résultat d’une coopération avec les autorités russes. Washington attribue ces arrestations aux « échanges qui ont eu lieu en termes de partage d’informations et d’appels à la Russie à prendre des mesures », a-t-elle dit.
Elle a aussi indiqué qu’un des hackers arrêté était responsable de l’attaque de mai dernier au rançongiciel contre le réseau d’oléoducs Colonial, principale source d’approvisionnement en essence de la majorité de l’Est américain. Le groupe avait versé 4,4 millions de dollars pour récupérer le contrôle de ses installations.
Le même mois, c’est le géant mondial de la viande JBS qui avait été pris pour cible, paralysant notamment les activités du groupe en Australie.
Début juillet 2021, ce groupe de hackeurs russophones, aussi appelé Sodinokibi, avait revendiqué l’attaque au rançongiciel visant la société informatique américaine Kaseya.
Joe Biden avait alors demandé, lors d’un échange téléphonique, à Vladimir Poutine d’agir contre les attaques menées depuis la Russie, sous peine de voir les Etats-Unis prendre « les mesures nécessaires ».
Début novembre, les autorités européennes et américaines ont annoncé l’arrestation de sept pirates informatiques au cours d’une opération internationale qui a visé REvil et le groupe de rançongiciels GandCrab.
Les rançongiciels sont une forme de plus en plus lucrative de prises d’otages numériques dans laquelle les pirates informatiques chiffrent les données des victimes, puis demandent de l’argent pour remettre les choses en ordre.
Selon le Trésor américain, 590 millions de dollars de rançons ont été versées rien qu’aux Etats-Unis au premier semestre 2021, contre 416 en 2020.
(AFP)